Le chroniqueur Christian Rioux écrit sur la visite du Pape au Canada
Le Confiteor est cette prière que le prêtre récite chaque fois qu’il s’apprête à monter à l’autel pour dire la messe. En se frappant la poitrine, il se confesse à Dieu et demande pardon de ses fautes. C’est dire la place que tient la contrition dans la religion catholique.
Il n’est donc pas étonnant que le repentir occupe une place importante dans une société comme le Québec. Il lui arrive même de se conjuguer à un anticléricalisme virulent, dont le résultat peut être détonant.
Le voyage du pape au Québec qui s’amorcera dimanche s’annonce comme un « pèlerinage pénitentiel ». L’expression utilisée par le Vatican n’est pas anodine. Depuis le Moyen Âge, la peregrinatio pénitentielle est une catégorie particulière de pèlerinages qui ne se confond pas avec la simple peregrinatio religiosa.
Une chose est la démarche du pape à l’égard des croyants, une autre chose est l’opinion laïque que chacun pourra se faire sur ce voyage. Celui-ci intervient en effet un an à peine après la « découverte » par géoradar d’un présumé cimetière secret près de l’ancien pensionnat des Oblats de la réserve de Kamloops, en Colombie-Britannique.
La précipitation du pape à se rendre au Canada étonne d’autant plus que, 14 mois après cette « découverte », aucune preuve matérielle de la présence à cet endroit des restes de quelque 200 enfants autochtones n’a été produite. De l’avis même des experts, les relevés par géoradar ne détectent que des irrégularités dans le sol, pas des corps. Or, contre toute logique, pas un seul n’a encore été exhumé, et personne ne semble en mesure de dire quand les autorités judiciaires prendront leurs responsabilités.
Paradoxalement, on n’a pas attendu la moindre preuve pour mettre les drapeaux en berne pendant cinq mois et inviter le pape à venir faire pénitence. Comme si l’essentiel n’était pas tant de faire la lumière sur ce qui s’est vraiment passé que de participer à une forme de repentance généralisée qui balaie l’Occident depuis quelques années.
Une démarche sérieuse et rationnelle peut-elle se passer de preuves ? Elle devrait aussi permettre, par une mise à distance du passé, de peser le pour et le contre dans le sort que nos sociétés ont réservé à ces jeunes Autochtones. On dénoncerait évidemment l’assimilation culturelle dont ces pensionnats ont .....
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