Du woke et du wokisme, en veux-tu en vlà

Deux articles sur les wokes, publiés en 2022 et 2023



Le phénomène woke décrypté dans un nouveau livre qui remet les pendules à l'heure

Mardi, 29 novembre 2022 19:30

Le terme «woke» s’est imposé médiatiquement depuis quelques années.

Dans l’esprit public, il désigne cette gauche radicale, venue des États-Unis, qui se veut hypersensible aux revendications des «minorités», même les plus étonnantes, et qui ne cesse de diaboliser la majorité, réduite au visage de l’homme blanc.

Le wokisme arrache les individus à leur identité nationale pour les réduire à leur «race», et il veut nous obliger à séparer le monde entre les Blancs et les personnes racisées, lesquelles seraient apparemment victimes d’une discrimination systémique.

Il présente la civilisation occidentale comme fondamentalement raciste, sexiste et transphobe et nous invite à la déconstruire.

Déconstruction
Mais ce terme, woke, s’est à ce point répandu qu’on a perdu en chemin le sens de sa véritable définition. Il est galvaudé et risque de devenir inutile.

C’est justement pour remettre nos idées en place qu’on doit lire La pensée woke, de David Santarossa, un ouvrage qui paraît aujourd’hui et qui – avantage supplémentaire – décrypte cette pensée telle qu’elle s’exprime dans le contexte québécois.

David Santarossa, l'une des figures les plus importantes de la nouvelle génération intellectuelle, écrit avec une clarté admirable et une intelligence calme et profonde. Il nous plonge dans les contorsions de cette pensée qui marche sur la tête.

Sans compter que Santarossa, excellent pédagogue, propose à la fin de son ouvrage un lexique du wokisme. Ce lexique est essentiel. Car c’est d’abord en imposant son vocabulaire qu’une idéologie s’empare des esprits.

«Racisme systémique», «privilège blanc», «microagressions»: ces termes, et bien d’autres, hier encore ultramarginaux, se sont imposés dans le vocabulaire médiatique.

Et nous sommes obligés de les répéter si on espère être accepté dans les milieux qui comptent, ceux qui assurent l’accès aux meilleures positions sociales.

Il faudra ainsi affirmer, comme si cela allait de soi, que le Québec vit sous l’empire du «racisme systémique», que Montréal est un «territoire autochtone non cédé», que les Québécois, loin d’être enracinés dans leur pays, sont des «allochtones», et ainsi de suite.

Il faudra aussi dire que les femmes subissent une «culture du viol», ou encore que les hommes sont déterminés par une forme de «masculinité toxique».

Ces termes ont la consistance intellectuelle d’une bouette de fin de saison.

Mais qui refuse de les reprendre, ou pire, qui décide de les critiquer, verra sa réputation compromise et sa carrière entravée.

D’ailleurs, l'un des chapitres les plus importants de l’ouvrage est consacré à l’analyse du wokisme comme idéologie dominante.

Santarossa vise juste: si le wokisme est heureusement minoritaire dans la population, il est hégémonique dans les catégories sociales privilégiées.

Idéologie dominante
Il domine l’université, les médias, mais aussi le monde de l’entreprise, comme on le voit avec les départements de ressources humaines, qui se convertissent à l’approche EDI et qui remplacent le critère de mérite individuel par celui de quotas communautaires.

Le wokisme entend aussi nous rééduquer et nous convertir à ses dogmes. Il est autoritaire, pratique la censure et tolère même la violence contre ceux qui ne s’y soumettent pas.

L’ouvrage essentiel de David Santarossa permet de comprendre sa logique tordue

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Un jour, tôt ou tard, ce sera votre tour d’être la cible des wokes

Frédéric Beigbeder est un des écrivains français les plus connus.

Son œuvre fut longtemps celle d’un jeune branché incarnant les grandeurs et misères de la jeunesse privilégiée des années 1980 et 1990.

Deux de ses romans ont notamment connu un immense succès: 99 francs et L’amour dure trois ans.

À travers ses livres, il sait aussi méditer sur les illusions et tromperies de notre temps. Sa plume, autrefois cynique, est devenue mélancolique. J’ajoute, ce n’est pas un détail, que c’est un véritable écrivain.

Beigbeder
Au fil du temps, il a connu quelques scandales, évidemment, mais rien de nature à salir sa réputation.

Et pourtant, c’est ce qui lui est progressivement arrivé ces dernières années.

La révolution woke l’a rattrapé.

Woke? Le terme réfère à cette gauche radicale qui croit servir la cause des minorités, de la diversité et de l’équité et qui pour cela, entend déconstruire sans fin le grand méchant homme blanc. Son double objectif: déconstruire les sexes et nous convaincre que la civilisation occidentale est fondamentalement raciste.

Dans son dernier livre, il revient sur sa diabolisation. Il avoue qu’avant qu’ils ne lui tombent dessus, il croyait que les wokes étaient une obsession de conservateurs grognons.

Peut-être se disait-il aussi que tant que les wokes s’en prenaient à ceux qu’il trouvait conservateurs, cela ne comptait pas. Mais son tour est venu.

Le titre de son livre est très bien vu: Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé. Il n’a rien fait de mal. Mais il suffit de ne pas suivre le rythme des nouvelles indignations pour se trouver dans le viseur des wokes.

Récemment, il a dû faire une conférence portant sur son livre sous protection policière. Quelques années auparavant, sa maison avait été couverte de graffitis.

Tirons-en une leçon essentielle: personne n’est à l’abri d’un procès par les wokes.

Verushka Lieutenant-Duval se voyait probablement comme une femme de gauche irréprochable.

Wendy Mesley se croyait aussi à l’abri, et même en position de dénoncer les réacs.

Les deux, comme tant d’autres, sont tombées.

Plusieurs comprennent la leçon: répéter le slogan «inclusif» à la mode pour ne pas avoir de soucis ou diminuer les risques d’en avoir.

Car les wokes tirent pour tuer socialement.

Leur objectif : détruire les réputations. 

Diffamation
Ils déforment les propos de ceux qu’ils veulent bannir de l’espace public, et vont même jusqu’à en inventer. Ils multiplient les chroniques diffamatoires et les campagnes haineuses sur les réseaux sociaux.

Ils ne cherchent pas à répondre aux arguments qu’on leur répond. Ils veulent à tout prix coller une étiquette ou une théorie odieuse à leurs adversaires.

Leur objectif : les rendre tellement radioactifs qu’il ne soit plus possible de mentionner leur nom sans se pincer le nez.

Mais il ne faut pas capituler et avoir un peu de courage civique.

Car les wokes sont des intimidateurs fragiles qui se victimisent dès qu’on leur répond. Pour cela, ils chassent en meute. Car ils seraient bien incapables d’argumenter intellectuellement un instant

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