Amnésie frappe certains représentants et représentantes de la classe politique canadienne et québécoise
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Par Rachat Antonius
« J’ai visité les territoires occupés […] pendant la première Intifada. J’ai pleuré tous les jours pendant deux semaines à cause de ce que j’ai vu. La brutalité de l’occupation, le harcèlement mesquin, son caractère meurtrier. L’incendie ou l’abattage des oliveraies palestiniennes, le déni des droits à l’eau, les humiliations. Et cela continue. Et la situation est bien pire qu’à l’époque. »
Mais l’empathie de certains politiciens est plutôt sélective.
Ces violences s’insèrent dans un projet global d’appropriation de la terre de Palestine par des immigrants juifs européens d’abord, auxquels se sont joints, quelquefois contre leur gré, des Juifs d’ailleurs, au détriment des habitants autochtones, les Palestiniens.
Il s’agit là d’un projet centenaire, bien documenté par des historiens israéliens tels qu’Ilan Pappe (Le nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard, 2008). Dans la guerre qui a suivi l’établissement de l’État d’Israël en 1948, 75 % des Palestiniens ont été expulsés de leurs villages et de leurs maisons, et n’ont jamais été autorisés par Israël à retourner chez eux, en dépit de la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU qui confirmait leur droit de retour. Ce premier volet du nettoyage ethnique a été suivi par un deuxième volet, moins important, dans la guerre de 1967.
Il semble bien que la plus récente guerre contre les Palestiniens de Gaza vise à poursuivre ce nettoyage ethnique, en forçant par la violence les Palestiniens à quitter définitivement le nord de Gaza. Gabor Maté poursuit : « […] il n’aurait pas été possible de créer cet État juif exclusif sans expulser ou opprimer la population locale. Il s’agit de la plus longue opération de nettoyage ethnique des XXe et XXIe siècles. Elle se poursuit encore aujourd’hui ».
C’est l’oubli de cette histoire qui fonde l’indignation sélective face au crime de guerre commis par le Hamas le fameux 7 octobre. La guerre qui se déroule sous nos yeux n’est pas entre Israël et le Hamas, comme le veut le récit israélien, devenu dominant au sein des élites politiques et médiatiques au Canada, au Québec et en France. L’étendue des violences et l’identité des victimes montre bien que c’est n’est pas une guerre entre le Hamas et Israël, mais bien une guerre contre l’ensemble des Palestiniens.
C’est cette mise en contexte qui manque cruellement au débat actuel, et qu’Antonio Guterres a voulu rappeler. Il aura sans doute un prix politique à payer pour avoir fait preuve d’intégrité morale. Mais c’est la population civile de Gaza qui paiera le prix le plus élevé, car Israël a déjà commencé à étouffer encore plus la population de Gaza, pour « punir » l’ONU de ne pas avoir adhéré totalement à son discours colonial.
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/800810/idees-conflit-proche-orient-histoire-pas-commence-7-octobre
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